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Quels liens et quelles différences entre le coaching et la psychothérapie ?

Quels liens et quelles différences entre le coaching et la psychothérapie ?

par Guillaume Leroutier

Quels liens et quelles différences entre le coaching et la psychothérapie ? Une clarification essentielle tant pour les coachs que pour les clients

Le développement du coaching comme approche de changement et comme mode d’accompagnement a pris suffisamment d’importance ces dernières années pour que cette discipline s’affirme comme un métier à part entière.
Par ailleurs, les liens et les différences entre le coaching et des approches psychothérapeutiques (classiques et nouvelles) sont souvent sujet à débats - parfois stériles, parfois riches – et les praticiens gagnent à établir plus de clarté dans leurs domaines d’intervention respectifs.

Ce qui a probablement contribué au début à créer une certaine confusion entre le coaching et la thérapie, ce sont les origines mêmes du coaching. La plupart des coachs savent que le coaching est issu à la fois du monde du sport et du mouvement des thérapies brèves.

La marque du sport sur le coaching se retrouve à travers les notions d’objectifs spécifiques, de préparation envers un évènement précis, d’entraînement supervisé, de performance et d’efficacité dans l’action, de feedbacks pour s’améliorer et éviter de répéter les mêmes erreurs, de dépassement de soi, de relation privilégié entre le coach et l’athlète. Le coach-entraîneur de qualité est plus un révélateur de potentiel qu’un conseiller ou qu’un confident. même s’il peut s’autoriser à l’être quelquefois.

Le mouvement des thérapies brèves regroupe quant à lui un ensemble de courants qui ont pour point commun de mettre en avant des interventions qui ont pour objectif une résolution la plus rapide possible des problèmes présentés : thérapie brève stratégique de l’École de Palo Alto, Hypnose Éricksonienne, approche orientée solutions, PNL, thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et, plus récemment l’EMDR (Eye Movement Desensitization Reprocessing).

Ce mouvement toujours très fertile aujourd’hui a apporté une grande quantité d’outils et d’interventions-types qui ont permis de répondre autrement aux besoins des clients. Il a entre autre permis d’orienter la relation d’aide vers le présent et le futur plus que vers le passé, de s’intéresser au « comment ça marche » plus qu’au « pourquoi ça ne marche pas » et d’amener l’intervenant à influencer avec intégrité son client (puisqu’on ne peut pas ne pas influencer) en utilisant un langage inducteur riche et stimulant. Le coaching s’appuie directement sur les éléments de ce nouveau paradigme orienté solutions, stratégies et ressources.

Cette double paternité doit définitivement être considérée comme une fierté pour la profession de coach. C’est une alliance très féconde qui a justement permis au fil du temps au coaching d’acquérir ses lettres de noblesse. Elle a permis au coaching de définir « la posture du coach » et de se démarquer ainsi de la « posture du thérapeute » issue des thérapies classiques. Car c’est bien des thérapies classiques que le coaching se différencie bien plus que des thérapies brèves.

Lorsqu’on parle de thérapie classique, on fait en fait référence à un ensemble de prémisses nées pour un bon nombre d’entre elles de la psychanalyse et des courants qui en sont issus. En voici quelques-unes1 comparées ensuite aux prémisses différentes du coaching (en gras) :

Les symptômes ont des causes profondes, sous-jacentes : c’est la « théorie de l’iceberg ». Le symptôme quel qu’il soit (excès de poids, dépendance à la cigarette ou à l’alcool, maux de tête, phobies, obsessions…) est l’expression d’une problématique plus large et plus profonde. Il faut donc aller en profondeur pour pouvoir idéalement prendre conscience de certains évènements traumatiques du passé pour accéder à la guérison.

Le coaching pense par ailleurs qu’il n’est pas indispensable d’en savoir beaucoup sur le problème pour le résoudre. La prise de conscience d’évènements passés n’est pas un détour obligé pour dépasser une difficulté ou pour voir disparaître un symptôme. L’accès aux ressources de la personne (émotions supportantes, croyances aidantes, représentations positives) est la clé pour amoindrir ou dissoudre un symptôme.

La suppression d’un symptôme conduit inévitablement à une substitution de symptôme quand n’est pas prise en compte la fonction qu’il sert : toute suppression de symptôme sans découverte de ses racines ne peut être que temporaire et superficielle. Par exemple, si une personne parvient à arrêter de fumer sans avoir compris l’origine de ce comportement, cela ne fera que déplacer le symptôme, et elle se mettra alors à se ronger les ongles ou à prendre du poids par exemple. Et le sentiment de culpabilité surgira.

Le coaching pense au contraire que même si les symptômes sont reliés à des fonctions (qu’il appelle plutôt « intentions positives »), la suppression d’un symptôme peut être tout à fait « écologique » pour la personne et suppose simplement la découverte de nouvelles options plus saines pour elle qui préservent par ailleurs l’intention positive sous-jacente. Dans ce cas-là, la suppression du problème crée alors un sentiment de soulagement et non de culpabilité.

Les clients peuvent résister à la thérapie parce qu’ils sont ambivalents : les professionnels de la relation d’aide ont depuis longtemps observé ce paradoxe chez les clients qui viennent consulter : « je veux changer mais sans rien changer ». De son côté, la thérapie classique considère cet état de fait comme la preuve d’un système de protection ou de défense chez le client. Cette résistance défensive doit être attaquée et vaincue pour permettre un changement qui tienne la route. Selon cette conviction, le client résiste naturellement à la thérapie et donc au changement. Certains clients sont donc qualifiés de plus résistants que d’autres.

Le coaching s’inspire quant à lui des apports du mouvement des thérapies brèves à ce sujet : la « résistance » est un faux concept. Il n’y a pas vraiment de résistance de la part du client, simplement une appréhension, plus ou moins intense, à changer. Le rôle du coach est alors d’accepter cette « résistance » pour éviter dans un premier temps de créer « une résistance à la résistance » et pour pouvoir considérer cette attitude du client comme un style de coopération. En effet, selon son degré d’appréhension à atteindre son objectif, le client possède un style de coopération lent, moyen ou rapide. Le coach gagne alors à se synchroniser sur la vitesse à laquelle le client souhaite changer de façon à établir avec lui un rapport de confiance fondé sur un rythme commun.

Les vrais changements demandent du temps; les interventions brèves sont superficielles et leurs résultats ne durent pas : le changement prend nécessairement du temps selon la thérapie classique car les problèmes trouvent leurs racines la plupart du temps dans un passé lointain, ce qui a donc créé des habitudes ou « patterns répétitifs » que quelques séances ne peuvent véritablement venir ébranler. Résoudre le problème demandera donc généralement autant de temps qu’il a fallu pour qu’il s’installe.

Le coaching pense également différemment à cet égard. La croyance du coaching est que le changement est permanent. Tout est finalement toujours en mouvement dans ce monde. Ce qui pose problème c’est plus le regard qui est porté sur le problème qui lui peut être figé et limitant. Un coach aidera le client à travailler sur le regard qu’il porte sur sa difficulté et lui permettra de le voir autrement (« recadrage ») et d’élargir sa gamme de comportements en testant de nouvelles façons de faire pour introduire une petite différence dans une situation spécifique. Comme le coaching pense également que le changement est génératif, c’est-à-dire qu’il suffit d’un petit changement pour en créer d’autres à d’autres niveaux (« l’effet papillon »), cette petite différence finira par en faire une grande dans la vie de la personne. L’expression « un problème est une goutte d’eau dans un océan de solutions » s’applique bien à l’esprit du coaching.

Bien que coaching et thérapie partage de toute évidence le même but, celui de contribuer à un meilleur équilibre et à un meilleur bien-être des personnes accompagnées, leur chemin pour y parvenir n’empreinte pas nécessairement les mêmes sentiers.

Là où la thérapie travaille sur la maturation de l’identité, la reconstruction de l’estime de soi, la maturité affective, la dépression ou la gestion de l’anxiété, le coaching est centré sur des objectifs spécifiques en mobilisant les ressources de la personne accompagnée.

Par ailleurs, il est important de mettre en relief à ce point-ci qu’un psychothérapeute de qualité et d’expérience est une personne qui a acquis une solide connaissance des pathologies psychoaffectives. Cela lui permet de traiter des problématiques de santé mentale (cas de paranoïa, de schizophrénie, de dépression sévère…) et des manifestations chroniques  telles que les complexes d’infériorité, de supériorité, d’abandon, d’échec ou des comportements de dépendance (au jeu, à l’alcool, au sexe...). Il peut avoir élargi ses connaissances et sa formation à la psychosomatique et/ou à la naturopathie. Il est habilité à accompagner des personnes en souffrance psychologique et émotionnelle, en processus de deuil ou de pardon. Ce ne sont pas là des objectifs de coaching en tant que tel. Cela demande une sensibilité et une formation particulière qui n’est pas celle que reçoivent les coachs, même si un coach peut permettre à une personne de faire un bout de chemin à ces niveaux.

La « posture du thérapeute » est une posture ayant pour visée le dépassement de la souffrance, la reconstruction de l’estime de soi et une maturation de la personnalité alors que « la posture du coach » est une posture qui a pour visée la mobilisation des ressources et l’application de nouveaux comportements et de nouvelles stratégies en vue de la réalisation d’un objectif spécifique.

Enfin, un des gros risques de l’exercice du coaching est clairement de tomber dans la pensée magique. De croire que tout est possible, que le coaching peut aider à dépasser et à vivre facilement toutes les difficultés et toutes les épreuves de la vie. Les coachs qui croient posséder de tels pouvoirs magiques se sont transformés sans s’en apercevoir en apprentis sorciers ou en gourous. Ils fourvoient leurs clients. Ils en viennent à traiter des problématiques qui dépassent tout simplement le champ de leurs compétences. Le coaching bien compris est un exercice humble, celui de l’accompagnement d’une personne normale avec des problèmes normaux avec rigueur et simplicité dans un cadre d’intervention explicite.

Ainsi, pour pouvoir afficher le terme « coaching » sur sa carte d’affaire, une personne doit avoir complété une formation solide au métier de coach, savoir faire la différence entre thérapie et coaching et, idéalement, se faire superviser régulièrement. La crédibilité de cette profession en dépend. Faisons confiance de toute façon aux clients pour séparer le bon grain de l’ivraie.