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Le processus de l’identité et la PNL
par Jean-Luc Monsempès
Qu’est ce que l’identité ?
Pour les PNListes, c’est avant tout une nominalisation, donc quelque chose qui n’existe pas. Et pourtant nous pouvons ressentir un sentiment d’être. Ce qui signifie qu’il y a un « concept de soi », le fruit de notre pensée et le « soi » qui est un ressenti. L’identité est donc avant tout la perception et le sentiment de qui nous sommes. Et pour avoir ce ressenti, il est nécessaire d’avoir conscience de ce qui se passe dans notre corps.
L’identité se définit donc par un « Je », qui est plus une nominalisation qu’un pronom, plus un processus qu’un objet. Le processus est celui qui maintient une mobilité interne, une source d’énergie, qui anime le sentiment d’être vivant et complet.
Ce « Je » est quelque chose de stable, d’inchangé et de trans-contextuel. Nous restons en effet la même personne en changeant de situation, et malgré les contradictions de nos comportements, nos émotions, nos pensées, nos croyances et valeurs…
C’est comme si ce « Je » pouvait être le point de stabilité et d’ordre intérieur, au-delà du chaos et du désordre de ce que nous exprimons dans le monde extérieur. « Je suis ange et démon » ; « Je suis ombre et lumière » ; « Je suis bon là ou j’ai souffert »
Ce « Je » est aussi un espace ou un « champ d’intégration » de toutes ces contradictions et de toutes ces identifications, « les moi pensées ». Un « Je» capable d’inclure et transcender les autres identifications contradictoires. Ce que je suis, c’est ce champ relationnel des multiples constituants (contradictions, identifications, potentialités) de mon identité.
« Je suis vide pour accueillir les choses.
Je suis immobile pour accueillir le mouvement.
Je suis absence de couleur pour accueillir les couleurs.
Je suis simplicité pour accueillir la complexité.
Je suis transparence pour accueillir l’opacité.
Je suis silence pour accueillir tous les sons, voir la source de la vision, là ou réside le sacré
Je suis le moteur immobile du monde, un espace d’accueil pour tous.
Regardes de où tu regardes.
Et si tu vois une tête c’est que tu as beaucoup d’imagination.
La tasse doit être vide pour être remplie.
A la place de ma tête doit être le vide, pour que je puisse me remplir du monde.
Il s’agit de la réalisation de soi en regardant à l’intérieur.
Il s’agit de la Présence de l’absence »
Douglas Harding
Les questions pour définir la perception de notre identité
Les réponses à ces questions nous permettent de retrouver des repères en définissant ou redéfinissant sans cesse ce que nous sommes et de ne pas se perdre quand la vie nous déséquilibre ou nous bouscule.
- Qui suis-je ? Quelle est ma nature profonde ? Mon centre ? Comment l’enrichir ?
- Quelles sont mes frontières entre soi/autres et quelles sont les croyances qui me soutiennent ou me limitent ?
- Quels sont mes buts ? Ma mission ? Ma contribution au monde ?
Structure de surface et profonde de notre identité
- La structure de surface ou la conception que nous avons de nous-mêmes (la carte)
C’est un « Soi de surface, cognitif et égocentrique » fabriqué par le mental, qui dépend de notre relation au temps, et dans lequel nous pouvons rester coincé très longtemps. C’est un processus d’identification qui se produit quand vous investissez ce que vous percevez comme votre vrai « soi », dans un rôle, un objet, une autre personne, une cause, une activité, une idée. L’affirmation « je suis... » un raté, un looser, une personne malade..., exprime une identification plus forte qu’à celle des comportements, émotions, croyances.
Une des formes d’identification majeure apparaît avec le développement du « Soi idéalisé ». Ce que nous devons devenir pour être dignes d’être aimé ou accepté. Ce « Soi idéalisé » nous aide à survivre dans le monde avec un maximum de stabilité et de sécurité. Ce qui n’est pas conforme au « Soi idéalisé deviennent des « ombres ». Ce « Soi Idéalisé » est celui que nous croyons devoir être et qui nous empêche par conséquent d’être qui nous sommes réellement.
Ce « Soi de surface » peut être source d’insatisfactions permanentes. Il peut y avoir le sentiment que toutes ces définitions de « moi » sont incomplètes et limitantes du fait qu’elles proviennent d’une identification à quelque chose plus externe (un rôle professionnel avec quelque chose à faire dans le monde extérieur) qu’interne (notre véritable identité ou notre nature profonde). Les insatisfactions viennent d’une définition restreinte du « moi», une définition qui reflète plus la conception que j’ai de moi (une carte, une structure de surface, la satisfaction des besoins de mon ego), que ma véritable identité (une structure profonde).
Nous pouvons être ces différents rôles mais bien plus que cela encore. Il y a donc quelque chose à découvrir et à développer pour se sentir plus complet, ressentir cette « complétude»?
- La structure profonde ou notre véritable identité (le territoire)
C’est un « Soi profond, somatique et du champ », qui ne peut exister que dans l’instant présent de la perception d’un ressenti, et qui correspond à l’ensemble de notre potentiel. Notre « superposition » selon Robert Dilts. D’après la physique quantique un objet peut exister dans tous ses états possibles de manière simultanée - une superposition - tant qu’il n’est pas observé. Le processus d’observation fige l’état et le limite en une seule possibilité. Le soi profond est une superposition simultanée de tous nos états potentiels : tout ce que nous avons été et fait et tout ce que nous pourrions être et faire. Le « Soi idéalisé » est un exemple d’un ensemble « d’états figés ».
« Ta nature véritable est déjà là. Là où tu es, se trouve un grand trésor. » - Douglas Harding
«Comme deux oiseaux d'or perchés sur l'arbre du soi-même, comme deux amis intimes, l'égo et le soi se répondent dans le même corps. Le premier mange les fruits doux et amers de l'arbre de vie, le second l'observe dans le détachement.» - Mundaka Upanishad.
Les problèmes d’identité
Certaines situations de la vie nous déstabilisent, nous éloignent de notre point de stabilité et de la définition que nous avons de nous même :
- Les périodes de transition de vie (maladie, perte d’un proche, crise de l’adolescence, de la cinquantaine, la retraite), les changements de rôles personnels (tomber enceinte, amoureux, être père ou mère... ), ou professionnels (licenciement, promotion …). Ces périodes créent de la confusion quant à la définition de notre identité. Elles nous invitent à une réévaluation et une réorganisation de la manière dont nous nous définissons. Pendant ces périodes de transition, nous avons du mal à savoir clairement et durablement ce que nous sommes et ce que nous voulons. Ces transitions ou crises existentielles peuvent faire émerger des conflits d’identité.
- Les situations dans lesquelles nous sommes confrontés à nos limites. Quand nous avons le sentiment d’être piégés, contraints, frustrés de savoir que nous pourrions être plus que ce que nous sommes autorisés à exprimer pour l’instant.
Ces périodes de déstabilisation sont des appels à une réactualisation d’un « soi » restreint, dans lequel les ressources dont nous avons besoin pour évoluer ne peuvent être activées.
Comment faire évoluer notre identité
L’identité n’est donc pas une chose figée, mais un processus en constante évolution. Cette évolution, vous avez le pouvoir de la freiner ou de la favoriser. A vous de choisir.
- 1- Y a t-il un modèle pour faire évoluer notre identité ? Il est possible, avec la PNL, de modéliser un savoir faire, une capacité, une stratégie, ou de mettre à jour les présupposés (croyances et valeurs) qui permettent à capacité de se manifester. Mais est-il possible d’en faire de même au niveau de l’identité ? Contrairement aux autres niveaux logiques, ou la modélisation est possible, au niveau de l’identité, le seul modèle c’est vous-même. Au niveau de l’identité il n’y a personne à modéliser. La seule façon de faire évoluer votre identité est la vôtre. Au niveau de l’identité le seul modèle c’est vous-même, votre relation à votre esprit somatique et votre esprit du champ.
«Devenez qui vous êtes car les autres possibilités sont déjà occupées » Milton Erickson
Bien entendu il est possible de modéliser, avec la PNL, des processus permettant de mieux développer notre relation avec notre identité profonde, ce que nous faisons dans le cadre d’une formation.
- Réorganiser les relations entre les éléments de notre « superposition ».
Les périodes de transitions que nous avons parfois du mal à franchir, nécessitent la perception et le ressenti d’un « soi » plus approprié. Une réorganisation du « soi » est donc nécessaire. Il s’agit surtout de découvrir les éléments qui font obstacle à « l’actualisation et le développement » de notre « soi ». Il s’agit surtout d’intégrer au reste de notre être, les éléments (pensées, ressentis, comportements, croyances, rôles) qui sont restés pour l’instant en marge de nous-même et qui constituent nos ombres : des éléments que nous pensons inacceptables, car ils ne correspondent pas à notre soi idéalisé, des éléments coupés de toute relation avec le reste de nous- mêmes, et qui génèrent des conflits. Il s’agit surtout d’accueillir ces éléments au sein du champ représenté par notre « soi profond » et de « sponsoriser ou parrainer » ces éléments.
Cette réorganisation permet de sortir d’une définition « limitante » de nous-mêmes et de renforcer ce sentiment d’une personne « plus complète ».
- S’appuyer sur le soutien de nos mentors et sponsors
Pour franchir l’inconfort des périodes de transition, nous avons besoin de soutiens et certains vont jouer un rôle particulièrement importants :
Les Mentors sont des ressources internes ou externes dont les messages vont renforcer nos croyances facilitantes par rapport à la réalisation de notre mission ou nous aider à nous reconnecter avec nos valeurs et sources de motivation.
Les Sponsors sont des ressources internes et externes qui reconnaissent notre existence, par des messages tels que « je te vois, je t’entends, tu es important, tu a ta place ici, tu contribue à quelque chose d’important... »
Les compétences fondamentales pour explorer et développer l’identité
- Se centrer activement par l’enracinement et la fluidité. L’enracinement ancre notre centre en un endroit ou nous trouvons la stabilité et la solidité qui nous permettent de tenir notre position quelles que soient les forces qui essayent de nous en déloger. La fluidité nous permet d’accompagner par le mouvement toute force qui s’exerce sur nous, en restant centré et relié à la terre. Le centrage n’est pas un processus mental, mais physique. Le centrage est le produit de notre esprit somatique car il est difficile à trouver uniquement avec notre esprit cognitif.
- Le sentiment de présence vient de l’élargissement de notre centre. La présence est le sentiment d’être relié à soi, aux autres, au monde. La présence est comme une pulsation et elle contribue à créer le champ dans lequel nous pouvons élargir la perception et le sentiment du « soi ».