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Les catégories de ressources

Les catégories de ressources

par Alain Monaert

Cette technique est inspirée des idées de Sigmund Freud pour qui nos difficultés actuelles trouvent leurs origines dans notre passé, et de Konrad Lorenz qui mit en évidence des fenêtres d'apprentissages critiques au cours desquels nous codons un ensemble de relations qui nous serviront de modèles qui nous reproduirons ultérieurement. Lorenz a démontré que ces empreintes codent des relations de rôles et nous fournissent des modèles comportementaux d'interaction pour remplir certains rôles de vie. Cela va du choix de nos partenaires sexuels à nos comportements avec nos enfants. Lorsque nous devenons parent, nous accédons à un répertoire d'interactions comportementales que nous avons mémorisé inconsciemment dans notre enfance. Nous reproduisons le modèle engrammé. Combien parmi nous ne se sont pas surpris un jour à dire à nos enfants exactement le genre de phrase que notre père (ou notre mère) nous avait dit alors que nous étions enfant et que nous avions détesté entendre.

Ces expériences d'empreinte sont souvent la source de croyances limitantes inconscientes qui se manifesteront plus tard dans notre vie sous forme d'émotions inhibantes, de comportements répétitifs non satisfaisants, de manque d'estime de soi, etc.…

Grâce aux techniques développées par la PNL au cours des 20 dernières années (recherche transdérivationnelle basée sur des ancrages spécifiques), la recherche de ces empreintes de base ne se contente plus du hasard de l'association libre utilisée du temps de Freud. Elle se sert de la mémoire émotionnelle du corps, celle qui mémorise nos émotions limitantes et qui " sait " des choses très différentes de notre tête, de notre logique consciente. Bien souvent un client sous l'emprise d'une empreinte du passé signale cette dichotomie par des phrases du type " logiquement ça n'a pas de sens mais… ", " je sais bien que c'est idiot mais je ne peux m'empêcher de … " ou encore " c'est plus fort que moi, je n'arrive pas à…". Comme nous nous adressons directement au cerveau émotionnel, celui-ci nous amène directement à l'expérience originelle et l'information pertinente émerge en quelques minutes grâce à l'utilisation combinée d'ancrages, de lignes de temps et une gestion de 'association/dissociation.
Le réimprinting vise donc à retrouver rapidement les expériences initiales du passé, nos empreintes de relation de base, qui sont la source de nos difficultés actuelles.
En outre, contrairement à certaines approches qui font de la prise de conscience l'opération nécessaire et suffisante du changement, cette intervention vise à enrichir systématiquement l'expérience de base, l'empreinte qui nous sert de modèle inconscient pour nos conduites actuelles, en y ajoutant les ressources qui ont manqué à l'époque afin de nous permettre de tirer de nouvelles conclusions et d'avoir accès à de nouveaux choix émotionnels et comportementaux dans notre présent. Dilts ayant compris l'importance du côté systémique de telles expériences d'empreintes a souligné que la finalité de l'intervention est de recoder la relation existant dans cette expérience d'empreinte. Cela implique bien souvent d'ajouter des ressources non seulement au sujet pour qu'il puisse vivre la même expérience différemment et en tire de nouvelles conclusions mais aussi aux autres personnes présentes dans la situation (parents, enseignants, agresseur, etc.) car ils sont la base des modèles de rôles ultérieurs.
Même si tous les enfants battus ne deviennent pas des parents violents, un grand nombre de parents violents ont été eux-mêmes des enfants battus. Leurs modèles inconscients de parentage ne comportant pas d'autres choix, ils reproduisent de manière automatique et inconsciente ce à quoi ils ont étés soumis. Il est dès lors essentiel d'ajouter de nouvelles ressources dans ces modèles du passé qui déterminent le présent. Ce travail en deuxième et troisième position perceptuelle est une des originalités marquantes de cette intervention.

Si bien évidemment la qualité de la relation établie entre le client et son guide est essentielle pour pouvoir accéder à ces expériences à l'origine de nos souffrances les plus pénibles, le choix et la qualité des ressources que nous allons ajouter font bien souvent la différence quant à la qualité et la profondeur de la résolution du problème.
L'attitude habituelle de demander au client de quelle ressource lui (ou une autre personne significative de la situation d'empreinte) aurait eu besoin à l'époque est bien évidemment pertinente. Toutefois, dans nombre d'expériences très douloureuses, le client est parfois la dernière personne à avoir une idée " out of the box ", qui sorte des limites dans lesquelles le problème l'enferme. La suggestion de l'accompagnant peut alors faire toute la différence.

Sur quelles bases ?
Existe-t-il un canevas qui peut nous guider pour suggérer de contacter certaines ressources ?

Après avoir participé à quelques centaines de réimprintings, il me semble que les situations d'empreintes dramatiques peuvent se ranger dans deux grandes catégories :
  1. Les situations où la source de la douleur est la séparation, l'isolement, le rejet, la rupture de liens ou de communication… Nous avons des programmations archaïques de l'espèce qui font dépendre notre survie de l'appartenance à un groupe. Dans les cultures traditionnelles, la sanction la plus grave n'est pas la condamnation à mort mais le bannissement. En tant que tout jeune enfant, nous sommes vitalement dépendant de la relation avec des adultes. Toute rupture majeure perçue (de manière réelle ou imaginaire) est donc source de stress extrême car liée à la survie physique.
  2. Les situations où la source de la douleur est l'envahissement, le non-respect des frontières, de l'intégrité, la confusion soi/autre, la fusion et le mélange entre ce qui est moi et ce qui est à toi... Ces intrusions menacent la survie psychique de notre identité, le développement de notre individuation et de notre autonomisation.

Par rapport à ces deux grandes catégories de difficultés, il existe de manière symétrique deux grandes catégories de ressources :
  1. Par rapport aux problèmes de " séparation ", il est évident que nous allons choisir systématiquement les ressources complémentaires de sensation de reliance, amour, appartenance, inclusion, etc.
  2. Par rapport aux problèmes de " confusion ", nous sélectionnerons la sensation de limites claires, la compréhension qui fait établir des distinctions, le respect des frontières, la non responsabilité des émotions de l'autre, les différences soi/autre, etc.
Le but de notre intervention dans une empreinte est de terminer avec un système de relations entre les personnes dans lequel chaque personne est clairement séparée/individuée ET en relation fonctionnelle avec les autres. La communication manifestant à la fois reliance et respect des limites de chacun.

Dans le chemin de développement, un individu est confronté à chaque moment à l'équilibre entre ces deux grandes forces opposées que sont reliance et individuation.
Le développement de notre individuation est fait de séparations successives
Physique, lorsque nous nous séparons du corps de notre mère à la naissance, Emotionnelle, lorsque nous commençons à manifester que nous voulons quelque chose de différent de ce que désire notre mère. C'est l'époque du premier " non ", le moment ou l'enfant chéri crache sa nourriture. Intellectuel, lorsque je teste de nouvelles idées, que je conteste mes parents etc.

Chacune de ces autonomisations successives doit être en même temps équilibrée par le niveau de reliance/appartenance complémentaire.

Les grandes étapes de développement transcendent le niveau précédent tout en l'incluant dans sa nouvelle version. Transcendance et inclusion sont les facteurs clés mis en évidence par Ken Wilber.

Si la partie inclusive est absente, le développement se fait alors par dissociation du niveau précédent. Je développe mon indépendance émotionnelle en me dissociant de mon corps, mon intellect au détriment de mes émotions. Ces deux grands archétypes sont à l'œuvre toute notre vie dans une danse complémentaire. Leurs interrelations peuvent être dynamiques et complémentaires, sources de mouvement de vie ou antagonistes et paralysantes, sources d'inhibition et d'arrêt de développement.