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PNL et créativité
par Clément Boily
L’art thérapieJe pratique la relation d’aide depuis plusieurs années et mon approche fait une grande place à l’utilisation des arts, plus particulièrement le dessin. Tout au long de ma pratique, j’ai pu constater combien la création artistique est un moyen extraordinaire de travaille sur soi. L’attrait que la création a sur les gens est très grand car elle représente un moyen d’expression puissant, sans les mots. Elle est aussi et surtout, une métaphore extraordinaire de la vie de chaque personne. Elle a la capacité d’aller en profondeur. Elle est une voie royale vers l’inconscient.
Lorsque j’ai été mis en contact avec la PNL, j’ai remarqué que plusieurs de ses éléments se retrouvaient à l’intérieur de l’approche que j’avais développé dans mes ateliers d’art thérapie : « le Libre artiste ». Je me suis donc demandé s’il ne serait pas possible de combiner de façon plus directe des techniques PNL avec l’art thérapie. Poser la question, c’est y répondre. J’ai donc entrepris depuis peu la transposition de certaines techniques avec la créativité.
Un premier essai prometteur
J’ai fait ma première tentative avec l’intégration des parties (ou fondu visuel). Dès la première utilisation, le résultat fut impressionnant. Lors d’une session intensive de thérapie de groupe, j’y ai introduit cette technique que je j’appellerai maintenant « l’intégration artistique des parties ». Plus de vingt personnes étaient présentes. Il y avait autant de gens attirés par l’aspect créativité que de gens qui y étaient complètement indifférents ou pas du tout attirés. Avant même que l’exercice soit arrivé à la partie intégration, des WOW! commençaient à se faire entendre. Déjà des personnes trouvaient des « réponses » à leur conflit. À la fin, j’avais devant moi un tas de mines réjouies de ce qu’elles venaient de vivre.
Par exemple, une enseignante vivait un conflit entre son désir profond d’apporter aux enfants un sentiment de liberté d’expression et son désir tout aussi important de maintenir une discipline propice à la transmission de l’apprentissage. Elle s’est sentie complètement réconciliée entre ces deux besoins. Elle avait « vu » comment ses deux désirs pouvaient se combiner pour atteindre ses intentions. L’exercice lui permis de comprendre qu’en réalité il n’y a pas de contradiction entre ses deux désirs. Elle réalisa que l’un permet l’autre, que maintenir une certaine discipline était justement un pré requis à l’apprentissage de la liberté d’expression.
L’intégration des parties
Avant d’expliquer « l’intégration artistique des parties », voici d’abord un petit rappel de la technique de base :
Identifier un conflit intérieur et les deux parties impliquées, soit une formulation du genre « une partie de moi veux ceci, mais, sauf que, excepté que, etc. »
Créer une image de chaque partie et les déposer dans chaque main.
Trouver l’intention positive d’une partie, son but.
Trouver l’intention positive de l’autre partie.
Trouver l’intention commune des deux parties.
Ramener les mains ensemble tout en faisant fondre les images internes l’un dans l’autre et laisser émerger une troisième image. Prendre soin de réunir ensemble les qualités de chacune pour créer une alliance commune.
Amener à l’intérieur la nouvelle partie intégrée.
Projection vers le futur.
L’intégration artistique des parties
La transposition avec la créativité implique une combinaison du dessin et de l’écriture. J’ai établi la procédure comme suit :
Trouvez un conflit intérieur.
Identifiez chacune des parties impliquées.
Dessiner chacune des parties :
Sur une grande feuille, représenter par un dessin une des parties. Prendre au moins 20 à 30 minutes pour compléter le dessin. Une fois le dessin terminé, y inscrire les intentions de cette partie.
Sur une autre grande feuille, représenter par un dessin l’autre partie. Prendre au moins 20 à 30 minutes pour compléter le dessin. Une fois le dessin terminé, y inscrire les intentions de cette partie.
Sur une autre grande feuille, représenter par un dessin l’autre partie. Prendre au moins 20 à 30 minutes pour compléter le dessin. Une fois le dessin terminé, y inscrire les intentions de cette partie.
Faire l’intégration des parties :
Sur une troisième grande feuille, compléter un troisième dessin en y intégrant des éléments contenus dans les deux premiers dessins. Prendre au moins 20 à 30 minutes pour compléter le dessin. Une fois terminé, donnez lui un titre. Y inscrire les intentions communes.
Le message :
Prendre quelques minutes pour regarder ce troisième dessin. Se laisser imprégner et inspirer intuitivement par ce qui en ressort.
Répondre ensuite aux questions suivantes :
Si le dessin pouvait parler, il me dirait quoi ?
De quelle façon les deux parties se réconcilient-elle dans ce dessin ?
Comment je peux intégrer cette réconciliation dans ma situation ?
Enfin, laisser visuellement entrer ce troisième dessin à l’intérieur.
Répondre ensuite aux questions suivantes :
Si le dessin pouvait parler, il me dirait quoi ?
De quelle façon les deux parties se réconcilient-elle dans ce dessin ?
Comment je peux intégrer cette réconciliation dans ma situation ?
Enfin, laisser visuellement entrer ce troisième dessin à l’intérieur.
Pont vers le futur
Bien que la technique ainsi transposée soit un peu plus longue à pratiquer, il y a une foule d’avantages dont en voici les principaux :
Profondeur
L’utilisation de la créativité permet à la personne d’entrer encore plus profondément dans l’expérience. Le fait de prendre le temps de dessiner chacune des parties en conflit est propice à l’émergence de plus d’information. Cela enrichit de détails supplémentaires la description que la personne se fait de chaque partie. De plus, elle peut vivre le processus à son propre rythme et développer tous les aspects à sa convenance.
Une image vaut mille mots
Un autre avantage important est le fait d’avoir une image matérielle devant ses yeux. Une image vaut mille mots comme on dit. L’effort ayant été fait pendant l’élaboration du dessin, la personne n’a plus qu’à se laisser absorbé par le résultat. Tous les détails sont déjà là. Pas besoin de se les décrire intérieurement. La pensée et l’imagination sont tellement volatiles, l’image matérielle permet de concentrer l’attention plus fortement sur le sujet.
Un ancrage kinesthésique
Dessiner est une expérience fortement kinesthésique. Mon expérience en art thérapie m’a toujours démontré que toute activité de créativité suscite des états chez la personne. Elle est mise en action et elle vit des états particuliers reliés à cette action. Ce qu’elle ressent durant l’exercice devient un ancrage kinesthésique très favorable à l’installation d’un changement efficace et durable.
Allo l’inconscient!
Dans un contexte d’intervention, le pouvoir qu’a la créativité à laisser parler l’inconscient est largement reconnu. Cette capacité, ajoutée à la force de la technique PNL, devient un atout supplémentaire remarquable. Le dessinateur est la plupart du temps surpris par les informations et les liens subtils que son dessin lui révèle. Lorsqu’il réalise le troisième dessin de la série, il le fait sans nécessairement penser à la solution de son conflit. C’est alors la surprise lorsque le dessin lui montre des modes d’intégration qu’il n’aurait pas imaginés. L’étonnement provoqué par ce qui se révèle produit souvent des remarques de genre : « WOW, j’aurais jamais pensé à ça »,
L’attrait de la créativité
Une grande partie de la population éprouve beaucoup d’attrait envers la créativité. Je considère cette attirance comme un facteur aidant puisque la personne s’y investira d’autant plus activement qu’elle y trouve un intérêt supplémentaire. Il n’y a cependant pas de contrindication avec des sujets n’ayant pas cette attirance. Les résultats sont tout aussi probants et ils permettent même un changement de perception à ce sujet, comme nous le verrons un peu plus loin.
C’est ludique
Dessiner est souvent associé à une activité ludique. Aborder quelque chose par le jeu est stimulant et crée un état propice à l’apprentissage et au changement.
Un petit changement de croyance avec ça ?
En plus de réaliser l’intégration du conflit, j’ai remarqué qu’il y a souvent ce que j’appelle des bonus. En effet, pour les personnes qui ne se considèrent pas créatives, l’exercice permet fréquemment de changer cette croyance. Elles sont surprises et étonnées de ce qu’elles ont été en mesure de créer et changent ainsi leur perception face à leur créativité. Cela peut renforcer encore davantage l’ancrage du changement.
En groupe …
Cette adaptation est particulièrement facile à utiliser avec un groupe. Une fois les instructions données, chacun fait ensuite son propre processus individuel.
Comme vous pouvez le constater, la combinaison de la créativité à cette technique PNL apporte de nombreux avantages. Créer des changements tout en s’amusant, pourquoi pas ? Changer avec plaisir, n’est-ce pas le désir de toute personne en cheminement ? Alors, amusez-vous à installer des changements chez vos clients avec créativité !