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Le coaching PNL : une profession en plein essor
par Anne-Laure Nouvion, PhD
Le coaching : une profession d’accompagnement
Le coaching est une profession qui se développe et se professionnalise depuis le milieu des années 80. Ses racines proviennent de divers champs professionnels, dont le sport, première niche professionnelle à avoir utilisé le terme de « coach ». Aujourd’hui, le coaching dit « professionnel » - pour le distinguer du coaching sportif par exemple- vise à accompagner des personnes vers leur épanouissement personnel et/ou professionnel. Il s’articule autour du savoir-faire du coach, qui met en oeuvre des outils d’interventions tels que la PNL (programmation neuro-linguistique), et de son savoir-être (posture, éthique professionnelle, travail sur soi, etc.).
Une approche complémentaire de la psychothérapie
Le coaching et la psychothérapie ont comme objectif commun le mieux-être de l’individu. À l’instar des thérapies brèves, le coaching est une démarche qui propose une direction partant d’un point A, la situation (ou état présent), vers un point B, l’objectif à atteindre (ou état désiré). Ainsi défini, l’atteinte de l’objectif est alors mesurable et vérifiable.
Exemple : Annie se sent tellement timide qu’elle n’ose pas discuter avec ses collègues pendant la pause du midi (= point A, la situation). Elle décide de consulter un coach professionnel qui l’accompagne à fixer son objectif : « je veux être à l’aise en public » (= point B) [1].
En revanche, le coaching se distingue particulièrement de la psychothérapie de plusieurs façons [2].
- En premier lieu, le processus. Entre le point A et le point B, un processus stratégique, un peu tel un plan d’action, est mis en place à l’aide d’interventions précises réalisées grâce aux outils de la PNL par exemple. Ces interventions sont guidées par un questionnement ciblé, deuxième particularité du coaching. En effet, le coaching professionnel est souvent présenté comme l’art de poser des questions. Ce questionnement précis permet au client de trouver lui-même ses réponses et de « décortiquer » le processus à mettre en place pour l’atteinte de son objectif.
Exemple : à l’aide d’un questionnement ciblé, Annie prend conscience qu’à chaque fois qu’elle se retrouve à table en présence de ses collègues, sa timidité la pousse à trouver un point d’attention qui lui permet de se détourner de ses collègues (son visage est orienté vers le bas, vers sa boîte à lunch ou une tasse de café). Conséquence : ses collègues n’osent pas lui adresser la parole. Annie identifie alors la première étape à mettre en place (= le processus) pour sortir de ce comportement limitant: choisir un nouveau point d’attention (ex : lever la tête vers le haut, vers un objet présent en face d’elle).
- Le coaching vise donc l’autonomisation complète du client. Et c’est là le 3e critère du coaching, et non le moindre : le client est autonome dans sa démarche. Il devient son propre expert. Il est actif et engagé dans son processus de développement. Le coaching implique donc un mouvement, une mise en action et un engagement de la part du client.
Exemple : Annie identifie ses propres stratégies à mettre en place. Au fil des séances, son coach l’accompagne afin qu’elle ajuste elle-même le processus et les actions à mettre en oeuvre lui permettant d’atteindre son objectif.
- Le coach n’est donc ni un expert [3], ni un conseiller, il est un professionnel de l’accompagnement. Il guide son client vers une meilleure connaissance de soi afin que celui-ci découvre et mette des mots sur sa propre expertise et ses moyens d’action. Le coach, particulièrement le coach PNL, part du principe que « toutes les ressources sont à l’intérieur de la personne ». Les ressources sont nos capacités (ex : confiance en soi, aptitude à l’oral), nos expériences utiles et nos stratégies gagnantes (ex : la réussite d’un examen, le souvenir d’un voyage), nos émotions agréables (ex : la joie, l’amour), ou encore nos pensées et nos croyances aidantes (ex : « je crois qu’il est facile de trouver un emploi », « dans la vie, quand tu veux, tu peux »). Le coach entraîne ainsi son client à « dénicher » ses propres ressources internes lui permettant d’atteindre son objectif (le point B) qu’il aura préalablement défini.
Exemple : Annie adore tricoter et créer de nouveaux vêtements. Elle découvre qu’elle pourrait partager sa créativité avec ses collègues, par exemple en discutant de ces dernières compositions de laine. La ressource de la créativité, déjà très présente dans sa vie, a été pour elle un déclencheur. Aujourd’hui, certains collègues de travail d’Annie sont devenus ses amis.
La frontière entre le coaching et la psychothérapie
Au Québec, le guide explicatif de la loi 21 modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines définit le coaching comme suit : « le coaching vise l’actualisation du potentiel par le développement de talents, ressources ou habiletés de personnes qui ne sont ni en détresse, ni en souffrance, mais qui expriment des besoins particuliers en matière de réalisations personnelles ou professionnelles. »
Cette définition propose des balises complémentaires pour la profession de coach, notamment en ce qui a trait à la souffrance ressentie par le client. Selon le dictionnaire « Larousse », la souffrance est « l’acte de souffrir », c’est-à-dire « éprouver des souffrances morales, être particulièrement affecté par des difficultés, des peines, être malheureux ».
Selon la situation présentée par le client, celui-ci peut ressentir de la peine, être temporairement malheureux, voire être particulièrement affecté par sa difficulté. La frontière entre une démarche en coaching et une démarche en psychothérapie est estimée selon l’intensité et la fréquence de cette souffrance. Ce qui est important ici, c’est la chronicité de la souffrance, la permanence de cet aspect, reflétant l’état fonctionnel ou dysfonctionnel du client. Un client en coaching est autonome et fonctionnel. Une souffrance dont l’intensité et la fréquence impliqueraient une chronicité dysfonctionnelle sera orientée pour faire l’objet d’une démarche en psychothérapie.
Exemple : Annie avait de la peine pendant ces pauses du midi. Elle se sentait isolée et coupée du reste de l’équipe. Plusieurs émotions, telles que la tristesse et la colère, ont émergé pendant le processus de coaching, en lien avec ces moments particuliers. En revanche, Annie est restée fonctionnelle du début à la fin, elle était autonome et engagée dans sa démarche de développement.
Concrètement, qu’est-ce qui amène une personne à rencontrer un coach?
Selon le contexte et la raison de la consultation, trois types de coaching sont disponibles.
- Le coaching personnel, également connu sous le terme de « coaching de vie ».
Pour qui? Monsieur et Madame tout le monde!
Pour quoi? Toute problématique de la vie quotidienne peut faire l’objet d’une démarche en coaching, à condition que les critères d’intensité, de fréquence, de chronicité et d’autonomie précisés ci-dessus ne soient pas incompatibles avec une démarche en coaching. (Voir « frontière entre coaching et psychothérapie).
Exemples:
- Déblocage d’un état ou d’un comportement limitant (ex : la timidité d’Annie, présentée ci-dessus)
- Transformation d’une vieille habitude (ex : se ronger les ongles)
- Développement d’une aptitude (ex : leadership, être à l’aise à l’oral)
- Accompagnement dans une transition de vie (ex : séparation, déménagement, changement de carrière)
- Réalisation d’un défi (ex : marathon, examen)
- Le coaching familial
Pour qui? Les familles (couple, parents, et enfants)
Pour quoi? Comme son nom l'indique, ce type de coaching est destiné aux familles. Il est en quelque sorte une extension du coaching de vie, appliqué dans un contexte familial. Cette approche éducative permet de dénouer des conflits familiaux de façon efficace et adaptée.
Exemples:
- Conflits d’adolescence
- Énurésie nocturne (pipi au lit)
- Désobéissance
- Relation conflictuelle au sein de la fratrie
- Le coaching exécutif, ou coaching d’affaires, coaching corporatif
Pour qui? Gestionnaires, cadres supérieurs, dirigeants, employés clés, etc.
Pour quoi? Ce coaching peut être individuel ou tripartite (mise en action de trois partenaires : le coach, le responsable payeur et l’employé). À la différence des deux catégories précédentes, cette démarche vise principalement le développement d’individus pour les bénéfices d’une organisation. Le contexte est donc le milieu des entreprises et des affaires.
Exemples:
- Priorisation des activités
- Gestion des conflits au sein d’une équipe
- Restructuration des ressources humaines
- Établissement d’un plan stratégique
- Optimisation d’habiletés de gestion
- Développement de leadership
La PNL : un puissant outil d’intervention
La Programmation Neuro-Linguistique, ou PNL, est un vaste corpus d’interventions, un peu tel un coffre d’outils réunis autour du développement de la personne. Elle célèbre ses 40 ans cette année (2015). Elle puise son origine dans les thérapies brèves. Richard Bandler et John Grinder, les fondateurs de la PNL, ont en effet modélisé [4] trois grands thérapeutes de renommées internationales :
- Virginia Satir, psychothérapeute reconnue pour son approche de la thérapie familiale
- Milton Eriskon, psychiatre, psychologue et père de l’hypnose erycksonienne
- Fritz Perls, psychiatre, psychothérapeute et fondateur de la Gesltat thérapie
L’alliance entre le coaching et la PNL
Le coaching PNL se distingue des autres approches de coaching par cette particularité qu’est la référence et l’usage de la PNL. C’est en quelque sorte sa valeur ajoutée. Le coach PNL puise également dans son coffre à outils d’autres techniques utilisées en alliance avec la PNL, telles que l’approche orientée solution, la CNV (communication non violente de Dr. Marshall Rosenberg), ou encore l’hypnose Erycksonienne et l’hypnose humaniste. Un partenariat très riche, dont les retombées thérapeutiques peuvent être fortes intéressantes!
Validation scientifique de la PNL
Des projets de recherche rigoureux sur l’efficacité clinique de la PNL voient le jour depuis une quinzaine d’années aux États-Unis, en Europe et au Royaume-Uni. Actuellement, l’essor considérable de cette discipline et le regroupement de professionnels de la PNL ayant pour objectif de démontrer scientifiquement leurs constats de terrain, à savoir l’efficacité de la PNL, permettent de poursuivre ces recherches. Aujourd’hui, il ne fait plus aucun doute : la PNL, ça fonctionne! Par-delà l’empirie du terrain, une cohorte de chercheurs s’est penchée sur la validation scientifique de son efficacité clinique dans un contexte thérapeutique. Un travail remarquable et une riche revue de littérature regroupant plus de 600 articles révisés par les pairs, gage de rigueur et de reconnaissance scientifiques, a vu le jour en 2013 avec la publication du livre « « the clinical effectiveness of neuro-linguistic programming : a critical appraisal » de Lisa Wake, Richard M. Gray et Frank S. Bourk.
Formation des coachs et encadrement de la profession
Le coaching est une jeune profession, qui se professionnalise depuis près de 30 ans. Dans ce contexte, elle ne possède pas, à ce jour, son ordre professionnel. La profession de coach est donc actuellement encadrée au Québec par des associations professionnelles rigoureuses que sont la SICPNL, présentée ci-après, et l’ICF (International Coach Federation).
Présentation de la SICPNL
La SICPNL, Société Internationale des Coachs en PNL, est un organisme à but non lucratif fondé en 2006 dont la mission vise à faire rayonner le coaching PNL comme approche privilégiée d’accompagnement des individus et des entreprises, au Québec comme à l’international. Elle couvre aujourd’hui les territoires du Québec, de la France et du Maroc. Ses deux grands axes d’action sont:
- Défendre et promouvoir les intérêts de ses membres et de la profession: encadrement du cursus de formation initiale du coach PNL et de sa formation continue au long de son activité, respect d’une éthique professionnelle, validation des acquis et des critères de compétences, supervision des coachs, etc.
- Regrouper les personnes dont la profession est coach PNL : réseautage, conférences et activités sociales, etc.
Importance du cadre éthique
La SICPNL structure la profession du coach PNL autour d’un cadre éthique (voir http://www.sicpnl.org/code-deontologie.asp pour consultation). De plus, elle impose à ses membres le suivi de la formation « Cadre légal et pratique éthique du coach PNL ». L’objectif général de cette formation est de fournir un cadre de référence aux coachs certifiés en PNL afin de baliser leur pratique professionnelle. Elle met en lumière des repères juridiques, éthiques et administratifs en termes de réglementation et ses échos dans la pratique et la tenue de dossiers. Cette formation est fondamentale dans la professionnalisation du coach PNL et est l’un des critères d’accréditation par la SICPNL du cursus enseigné par les écoles situées au Québec.
La SICPNL remplit ainsi le rôle d’une instance d’accréditation de ces membres, à savoir les coachs et les centres de formation offrant un cursus en coaching PNL. Elle s’inscrit ultimement dans un objectif de protection du public, par la professionnalisation et la standardisation de la formation des coachs PNL.
Le cursus de coach professionnel certifié en PNL
Le cursus présenté ci-dessous reflète la formation des coachs PNL telle qu’elle est enseignée dans les centres de formation au Québec. Les organismes de formation d’autres pays comme la France proposent quelques variations, comme le niveau « technicien en PNL », situé entre la base et le praticien en PNL. Durée totale de la formation : environ 1000h de formation théorique et pratique, effectués en intensif (sur 1 an et demi) ou en régulier (sur 3 ans).
Figure 1 : Le parcours du coach professionnel certifié en PNL
L’acquisition de l’ensemble des outils et des valeurs de la PNL (phase 1) est un prérequis pour devenir coach professionnel certifié en PNL (phase 2). À noter que la phase 1 ne mène pas forcément au coaching. De nombreux professionnels de la relation d’aide, de l’éducation ou encore de la santé, se forment à la PNL afin d’en exploiter les outils dans leurs champs professionnels.
Le titre de « coach »
Tout comme la profession de coach, le titre de coach n’est pas réglementé par un ordre professionnel, mais encadré par des associations professionnelles telle que la SICPNL et l’ICF. Actuellement, le titre délivré par les écoles dont le cursus de coach est accrédité par la SICPNL est : « coach professionnel certifié en PNL ». De nombreux autres titres circulent au sein d’organismes de formation non accrédités, tels que « coach en développement personnel », « coach de vie spécialisé en approche humaniste », etc. Avant de consulter un coach, il est fortement recommandé au public de vérifier la formation du coach, son éthique et son parcours professionnels ainsi que l’école ou les écoles au sein desquelles il a suivi sa formation de coach.
Réglementation du titre de « coach » au Canada:
La classification nationale des professions (CNP) du Canada répartit plus de 500 profils de groupes professionnels au Canada. Tel que le précise le gouvernement du Canada, « la CNP constitue un cadre de normalité pour organiser le monde du travail de manière cohérente ». De façon surprenante, à ce jour, la profession de coach n’est pas enregistrée au sein de la CNP. Or cette profession est une réalité bien présente dans notre société et connaît même un essor considérable ces dernières années. La présence et le rôle de la SICPNL et de l’ICF apparaissent donc essentiels pour l’encadrement du titre de coach, en lien avec la formation des coachs, le développement et la professionnalisation du coaching, ainsi que la protection du public, sujets majeurs dans l’évolution et la maturation des professions.
À propos de l’auteure
Anne-Laure est docteure en biologie, ancienne chercheure sur le cancer et coach certifiée en PNL. Elle a à cœur de mettre à profit la richesse de l’alliance de ses deux expertises, le coaching et la recherche, au profit de deux principaux publics :
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Le grand public : aujourd’hui, Anne-Laure s’est spécialisée dans l’accompagnement des personnes en transition de vie (séparation, changement de carrière, expatriation, l’après-maladie, etc.). Elle est également la médiatrice de groupes de paroles de personnes en rémission de cancer, et propose un programme complet d’accompagnement pour les personnes après les traitements d’un cancer. Elle développe des formations et conférences visant à vulgariser l’apport des neurosciences dans le développement personnel.
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Les coachs PNL par la professionnalisation du coaching PNL. Formatrice authentique, elle a créé la formation « Les fondements scientifiques de la PNL », destinée aux coachs et futurs coachs en PNL, et qui connaît un vif succès au Québec. Passionnée et engagée, elle est également vice-présidente de la SICPNL et s’implique activement dans des mandats tels que la standardisation du parcours des coachs, l’éthique et la tenue de dossier ou encore l’encadrement de la formation continue.
Son site internet: www.annelaure-nouvion.com
18 novembre 2015
Notes
[1] Cet article est enrichi d’un exemple inspiré d’un cas réel, mais dont le contexte et le prénom ont été modifiés pour des raisons de confidentialité. Ce cas pratique a été vulgarisé pour des fins de compréhension du lecteur, et ne présente aucunement le travail de fond effectué par le coach et le client. Les émotions, les blocages et les enjeux à dépasser par exemple, ne font pas l’objet de cet article.
[2] Ces critères sont le fruit d’une réflexion collaborative autour de la profession de coach PNL, à l’aide des experts suivants: Marianne Gagnon, présidente SICPNL, Guillaume Leroutier, directeur du CQPNL, Sylvie Lefevre, avocate et coach PNL, Sylvie Guignon, consultante en organisation, chercheure, et auteure de la première thèse de doctorat sur le coaching au Québec et Dominique Dorais-Pagé, psychologue et coach PNL.
[3] Il est à noter que la notion d’expert fait référence ici à la posture d’accompagnement du coach. Celui-ci est bien évidemment un expert dans son domaine, le coaching. En revanche, il se positionne de façon à placer son client au centre de sa propre expertise.
[4] La modélisation est à la base de la PNL et peut être considérée de façon très simplifiée comme la conception d’un modèle à partir d’une observation aiguisée d’experts dans leur domaine.